Lundi, Elon Musk a annoncé sur X qu’il allait engager une action en justice contre Apple pour pratiques anticoncurrentielles présumées. Selon lui, le géant californien favoriserait OpenAI au détriment des autres acteurs de l’IA, notamment sa propre société xAI. Musk accuse Apple de bloquer X et le chatbot Grok dans les recommandations de l’App Store, tout en mettant ChatGPT en avant. Ce bras de fer s’inscrit dans un contexte de rivalité croissante entre les grandes plateformes technologiques et soulève la question du contrôle éditorial dans les écosystèmes fermés.
Les accusations explosives de Musk
Elon Musk affirme qu’Apple viole les lois antitrust en restreignant l’accès à la visibilité pour les applications concurrentes d’OpenAI. Dans ses publications, il met en avant deux points principaux :
- Absence de X (application d’actualités numéro 1 dans le monde) et de Grok (numéro 5 parmi toutes les applications) dans la section « Must-Haves » de l’App Store.
- Présence constante de ChatGPT dans les listes éditoriales contrôlées par Apple, donnant l’impression d’un favoritisme.
Pour Musk, cette situation n’est pas une simple décision éditoriale, mais une stratégie de verrouillage de marché.
Un contexte de tensions historiques
Musk et Apple ont déjà eu plusieurs différends :
- En 2022, Musk avait accusé Apple de menacer de retirer X (anciennement Twitter) de l’App Store.
- Les relations se sont tendues avec la montée en puissance d’OpenAI, soutenue par Microsoft, et l’intégration croissante d’IA dans les services Apple.
- Musk voit dans cette promotion sélective un signe que l’App Store agit comme un acteur partial et non comme une plateforme neutre.
Le risque juridique pour Apple
Les accusations de Musk s’appuient sur la législation antitrust américaine et européenne, qui interdit les abus de position dominante. Si une enquête venait à confirmer un favoritisme systématique, Apple pourrait être exposée à :
- Des amendes pouvant atteindre plusieurs milliards de dollars.
- Une obligation de modifier ses règles éditoriales.
- Une remise en question de son contrôle sur l’App Store, déjà critiqué par plusieurs gouvernements.
La stratégie médiatique de Musk
En rendant publique cette accusation avant même le dépôt officiel de la plainte, Musk transforme le différend en affaire politique et médiatique. Il suggère qu’Apple pourrait avoir des motivations politiques derrière ses choix éditoriaux, insinuant un biais idéologique pro-OpenAI.
Le point de vue de Musk : concurrence faussée
Musk défend l’idée que l’App Store ne devrait pas privilégier un acteur d’IA, surtout si cette décision freine l’innovation et empêche des alternatives comme Grok de toucher un public large. Selon lui, Apple agit comme un gardien de marché qui choisit ses gagnants et perdants, ce qui contrevient aux règles de libre concurrence.
Le point de vue d’Apple : choix éditoriaux légitimes
Apple pourrait rétorquer que la section « Must-Haves » est un espace éditorial interne, où les choix sont basés sur la popularité perçue, la qualité, ou les partenariats stratégiques. En ce sens, il ne s’agirait pas d’un abus de position dominante, mais d’une curation de contenu comparable à celle d’un magasin physique.
Un débat plus large sur les écosystèmes fermés
Cette affaire illustre un problème récurrent : les écosystèmes fermés (Apple, Google, etc.) ont un contrôle total sur la mise en avant des applications. Ce pouvoir éditorial, combiné à une position dominante, crée un terrain glissant où la frontière entre préférence commerciale et discrimination anticoncurrentielle est mince.
Un duel de titans technologiques
Ce litige n’est pas seulement juridique, il est stratégique :
- Musk cherche à imposer Grok comme un concurrent crédible à ChatGPT.
- Apple protège un écosystème qui valorise des partenaires de confiance.
- OpenAI se retrouve indirectement au centre d’un conflit qu’elle n’a pas initié, mais dont elle bénéficie.
Conséquences possibles sur le marché
Si Musk obtient gain de cause, cela pourrait :
- Contraindre Apple à plus de transparence dans ses critères de mise en avant.
- Ouvrir la voie à d’autres procès d’éditeurs lésés.
- Redistribuer la visibilité entre acteurs majeurs de l’IA.
À l’inverse, si Apple gagne, cela renforcera la légitimité des plateformes à contrôler totalement leurs sélections éditoriales, même au prix d’accusations de favoritisme.